Primitivi a la Grand-Combe

De la cité minière florissante à la commune déserte et polluée, Primitivi observe les changements en cours à la Grand-Combe, à travers les yeux et la mémoire de ses habitant.es.

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De la cité minière florissante à la commune déserte et polluée, Primitivi observe les changements en cours à la Grand-Combe, à travers les yeux et la mémoire de ses habitant.es.

A la Grand-Combe, une des communes qui peut se targuer d’avoir été élue la plus pauvre de France à un moment, tu peux acheter une baraque pour 4000 euros. Je te jure c’est vrai ! Pas top niquel, ok… mais si toi et tes potes avez quelques compétences en chantier et en récup’, à la fin pour moins de 10 000 balles, t’as un palace avec vue sur les collines et coucher de soleil sur ta véranda. Et puis si t’as pas de potes qui savent un peu bâtir des trucs c’est pas grave, parce qu’à la Grand Combe, tu vas en trouver. Le réseau associatif et solidaire y est très riche. Beaucoup de circacien.nes, de documentaristes, d’artistes ont été conquis par (les maisons pas chères) la dense forêt cévenole et les douces rivières qui coulent dans cette ancienne cité minière du Gard.

Ses extractions chauffent les maisons de Marseille

A l’époque des mines, la Grand-Combe faisait office de bastion de l’exploitation du charbon. Dans les années 60, elle comptait 17 000 habitants et sortait 3 millions de tonnes de charbon par an. Ses extractions chauffent les maisons de Marseille et de nombreuses autres villes de France et alimentent la marine nationale. Les vies des ouvriers sont happées, avec un certain paternalisme : les travailleurs étaient pris en charge de la naissance à la mort. Logement gratuit à vie, divertissement et scolarité des enfants à portée de main et pris en charge par la compagnie des mines, alimentation à prix coutant et bon salaire.

Aujourd’hui, il n’y a plus que 5000 habitant.es. Les mines ont fermé unes à unes, laissant les barres de HLM en décrépitude et les sols pollués. Devant le stade de foot, en ruine, de la cité, les promoteurs immobiliers poussent au départ les dernières familles qui peuplent les logements des travailleurs. Le dernier habitant de l’un d’eux a craqué et a accepté de déménager il y a quelques semaines, nous raconte le berger qui habite dans celle d’à côté et qui, au milieu de ses bêtes, martèle qu’il ne partira jamais d’ici. L’immeuble a été rasé dans les jours qui suivent. Il n’en reste plus que deux. Dans le deuxième, seuls restent la veuve d’un mineur, ses enfants et ses petits-enfants dans un appartement. Ils sont les derniers habitants.

Dinopédia Parc rachète tout

Mais alors qu’on discute avec la famille, on croit entendre un cri venu des bois... On se rapproche alors… ça vient de Dinopedia, le parc d’attraction préhistorique qui a installé des dinosaures en plastique qui crient dans la forêt.
(...)
On apprend que ce sont ses promoteurs qui attendent en se léchant les babines, que les derniers mineurs et leurs descendants débarrassent le plancher, pour faire place nette construire des infrastructures pour les touristes.

Il y a quelques temps, un membre de primitivi est venu s’installer à la Grand-Combe. On a eu envie de montrer ce qui s’est passé, ce qui se passe, avec les habitant.es. La mémoire des mines avec un mineur qui a collectionné des centaines de photos, d’objets, de coupures de presses et d’anecdotes dans sa cave. Avec celui qui habite à côté du cimetière et qui peut nous parler de l’histoire des migrations et des populations de la ville grâce aux décorations des tombes. Avec les habitant.es croisé.es au marché, avec les nouveaux arrivants qui ouvrent des tiers lieux associatifs.
Pour surveiller les futurs travaux d’aménagement, pour aider les habitant.es à garder la main sur le futur de leur ville, pour documenter ce mélange et ces successions d’histoires, les caméras de Primitivi devant le regard des habitant.es, zooment sur la Grand-Combe.

La première session de tournage a eu lieu en avril 2024, rendez-vous en septembre pour la prochaine !


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