Honduras : lettre de Zelaya à Correa, président tournant de l’Unasur

Voici la lettre que l’ex-président du Honduras Manuel Zelaya a envoyé à Rafael Correa, président de l’Équateur et actuellement également président pro tempore de l’UNASUR. Dans cette lettre Zelaya fait une proposition afin d’en finir avec la crise hondurienne, cette proposition devrait être présentée à lUNASYR, à la SICA, au CARICOM, au GRUPO RÍO, à l’ALBA et à l’OEA.

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Voici la lettre que l’ex-président du Honduras Manuel Zelaya a envoyé à Rafael Correa, président de l’Équateur et actuellement également président pro tempore de l’UNASUR. Dans cette lettre Zelaya fait une proposition afin d’en finir avec la crise hondurienne, cette proposition devrait être présentée à lUNASYR, à la SICA, au CARICOM, au GRUPO RÍO, à l’ALBA et à l’OEA.

Du Bureau de l’ex-Président Manuel Zelaya
République Dominicaine le 9 Mai 2010

* Rafael Correa Delgado *
* Président Constitutionnel de la République de l’Équateur *
* Président de l’UNASUR *

Monsieur le président Rafael Correa, je m’adresse à vous afin que vous preniez connaissance l’agenda que j’ai proposé pour la réconciliation nationale du peuple hondurien et contribuer à une solution pacifique acceptable pour le peuple dont la mise en place permettra la reconnaissance du Honduras par la communauté internationale.

Je porte à votre connaissance la proposition suivante :

* PROPOSITION D’ACCORD POLITIQUE POUR LE RÉTABLISSEMENT DE LA DÉMOCRATIE ET
LA RÉCONCILIATION NATIONALE DU HONDURAS. *

Depuis un exil forcé provoqué par le coup d’État militaire du 28 juin dernier, qui se prolonge aujourd’hui grâce à la poursuite judiciaire lancée à des fins politiques contre moi, ajouté aux violations des droits de l’homme, contre le peuple, et considérant la position solidaire et cohérente de l’UNASUR en défense du peuple hondurien je vous présente la proposition qui permet le retour de l’État hondurien au sein de la communauté internationale et la réconciliation nationale du peuple hondurien.

Nous nous sommes permis de mettre en avant les faits suivants :

- La Cour Suprême de Justice a acquitté, avec non-lieu définitif, le chef militaire auteur du coup d’État et responsable de délits de lèse humanité.

- Le Congrès National a décrété une amnistie uniquement applicable aux auteurs du coup d’État en laissant impunis les crimes les plus abominables et les violations des droits de l’homme commises contre la population sans défense.

- Le Procureur Général et la Cour Suprême de Justice coauteurs du coup d’État se sont maintenus à leurs charges, jouissant d’une impunité, lançant des actions de poursuite judiciaire contre le Président Zelaya et ses ministres à des fins politiques.

- Aucun organisme, ni système de la communauté internationale, ni l’Organisation des Nations Unies (ONU), ni l’Organisation des États Américains (OEA), ni le Système d’Intégration De l’Amérique centrale (SICA), ni le Groupe Río, parmi d’autres, n’ont révoqué leurs résolutions et sanctions contre le coup d’État puisque les circonstances qui ont provoqué ce putsch et menacé notre démocratie n’ont pas été surmontées.

- La “Commission de la Vérité” a été mise en place par le gouvernement de manière unilatérale et sans consultation, en nous excluant totalement de tout le processus, dans ce malentendu les victimes n’ont pas eu droit ni à la parole ni à une représentation. Cela les place dans l’incapacité de se défendre face à l’impunité des auteurs du coup d’État militaire.

C’est par le précédent que très conscient de la position du groupe UNASUR et de l’Équateur qui en occupe la Présidence pro tempore je vous propose la possibilité d’un accord politique pour résoudre la crise consécutive au coup d’État militaire, qui envisage au moins les éléments suivants.

1. Que le Congrès National du Honduras décrète une amnistie, approfondie et suffisente pour que la voie judiciaire puisse suivre son cours pour les personnes qui ont agi lors du coup d’État aux côtés du dictateur Micheletti et que l’on retrouve aujourd’hui dirigeant impunément les institutions en charge de la justice, qui s’acharnent contre l’ex-Président Zelaya et de grands fonctionnaires de son gouvernement.

Cet accord garantirait le retour au pays de l’ex-président Zelaya et à ceux qui se trouvent actuellement exilés, à la pleine jouissance de leurs droits civils et politiques, demande appuyée par le peuple et le Front de Résistance Populaire, pour la réconciliation nationale.

2. Que l’on donne les garanties pour l’exercice de la LIBERTÉ DÉMOCRATIQUE dans le pays, qui permette de débattre et de décider de la nécessité de l’établissement de la démocratie participative et le droit qu’a la société en Résistance contre le coup d’État de penser, d’être reconnue en tant que force belligérante et d’exiger une nouvelle Constitution.

3. Garantir la cessation de la répression et le respect des droits de l’homme de tous les citoyens et citoyennes, en mettant un terme aux crimes, aux assassinats, aux poursuites judiciaires et à la répression dont sont responsables des organismes dépendants de la police et des forces armées.

4. Retirer de leurs charges les principaux responsables du coup d’État civil militaire, qui occupent les institutions judiciaires et des charges ministérielles.

5. Que l’on convient d’intégrer au parlement de l’Amérique centrale le citoyen José Manuel Zelaya Rosales à la charge qui lui correspond selon son investiture constitutionnelle et par droit propre.

6. Que l’on mette fin à l’impunité pour les violations des droits de l’homme et que les acteurs de ces crimes de lèse l’humanité se mettent aux ordres de la Cour Pénale Internationale qui les poursuit pour ces délits et devant laquelle ils se refusent à comparaître. Un exemple : le Procureur Général se refuse à procéder et à se présenter lui même à la cour internationale bien qu’il sache que le Honduras fait partie de la Cour Pénale Internationale, et que les poursuites ont été acceptées par la CIDH et par la Cour Pénale elle-même.

Je réaffirme au gouvernement de l’Équateur et à l’UNASUR notre disposition de présenter cet accord politique à la SICA, le CARICOM, le GRUPO RÍO, l’ALBA, pour que dans le sein de la prochaine Assemblée de l’Organisation des États Américains ce plan soit accepté et appuyé et que le Honduras obtienne la reconnaissance internationale, et nous pouvons tous nous impliquer dans cet agenda, préalable au développement d’un événement si grand.

En la consideración de usted Señor Presidente me suscribo atentamente.

Attentivement,
JOSE MANUEL ZELAYA ROSALES
* Président du Honduras période 2006–2010 *

C.c.
M. Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies
M. José Miguel Insulza, Secrétaire OEA
M. Néstor Kirchner, Secrétaire UNASUR
M. Daniel Alemán, Secrétaire SICA
M. Secretaire CARICOM
M. Le secrétaire de l’ALBA
M. Le secretario du Grupo de RÍO

Source : par email puis Vos El Soberano "Carta de Manuel Zelaya al presidente Rafael Correa y el UNASUR"
Traduction : Primitivi


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